Notre démocratie est en danger
- Petit Comité
- 19 avr. 2021
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Dernière mise à jour : 1 mai 2021
Montée des extrêmes, taux d’abstention record, crise des gilets jaunes : tant de phénomènes qui témoignent de l'agonie d’un système à bout de souffle. Notre chère démocratie a-t-elle encore de beaux jours devant elle ? Rien n’est moins sûr... Avant toute réaction disproportionnée qui pourrait avoir lieu à la lecture de ce titre quelque peu provocateur, il est bon de s’affranchir d’emblée d’un raccourci fallacieux. Aujourd’hui, l’idée même d’émettre une critique sur l'état du modèle démocratique est forcément suspect. Savez-vous quel est le contraire de la démocratie ? C'est la dictature. Selon cette rhétorique, l’idée même de penser la démocratie représentative est devenue très compliqué voire impossible. Et pourtant, plusieurs signaux sont là pour nous alerter de la crise avérée d’un modèle en perte de vitesse.
Une foi en la citoyenneté qui s’estompe
Pour mettre le doigt sur les raisons de cette décadence, il faut en premier lieu la lier à l’un des principaux facteurs de cet échec, à savoir la perte d’un véritable sentiment de citoyenneté. Si le citoyen au sens étymologique du terme, se traduit par civitas : droit de cité, droit d’un habitant de jouir de son statut de citoyen, il lui est de fait, possible en démocratie de jouir de la participation à lavie politique au sein de la cité et c’est justement là qu’apparait le nœud du problème. C’est ce sentiment de perte de souveraineté populaire qui semble être à l’origine de la défiance.
Cette crise de la citoyenneté s’est illustrée ces dernières années par différents mouvements sociaux : les gilets jaunes en tête de liste. À défaut d’avoir su rester audible et imperméable aux avances de parties politiques opportunistes, les gilets jaunes ont eu le mérite de témoigner d’un véritable désir de retrouver cette souveraineté populaire, à en lire les différentes revendications émises, l’une des plus parlantes étant la mise en place d’un « R.I.C » (Référendum d’Initiative Citoyenne). Ces événements ont aussi prouver que contrairement à ce qu’on pourrait penser. Cette partie de la population, en majorité issue de la classe moyenne/populaire, ne semble pas désintéressée de la vie politique bien au contraire, puisque la mobilisation visait à combattre un système qui les prive d’une citoyenneté présumément perdue. Le problème semble donc bien d’ordre politique et la cassuredifficilement réparable.
Le résultat d’une fracture politique
En attestent des chiffres d’abstention accablants, une partie de la population a depuis quelques années tendance à délaisser le rite démocratique. Cela se vérifie par une hausse record des taux d’abstention multipliés par deux en cinquante ans, atteignant même le chiffre symbolique de 51,3% lors des législatives de 2017 (Ministère de l’intérieur). Si l’on considère à la manière de Anne Muxel sociologue française, qu’une partie du vote abstentionniste s’inscrit dans une démarche politique se caractérisant par un vote sanction à l’égard de la classe dirigeante, on y voit ici la volonté de punir nos gouvernants ; Souvent accusés de pratiquer la même politique politicienne malgré la couleur changeante du parti. Dans ce contexte, le vote en faveur des partis désignés comme extrêmes par cette même classe dirigeante appelant régulièrement à faire “barrage”, apparait alors comme un outil de sanction supplémentaire. À cela s’ajoute une radicalité générale des idées, exacerbée par un mode de pensée unilatéral dépourvu de nuance, dont les réseaux sociaux en sont la quintessence (je like, je dislike je
zappe ou je mate). Mais dans un tel climat de défiance vis-à-vis de nos politiques, notre démocratie représentative fait-elle encore sens ?
Le leurre de la représentativité
La démocratie représentative, fer de lance du modèle démocrate français, apparaît vraisemblablement fragilisé par les problématiques énoncées précédemment. Démocratique par essence, ce système semble malgré tout incompris par une partie des citoyens. L’absence de mixité sociale constatée à l’intérieur des organes de la République est un facteur aggravant de ce sentiment de perte de légitimité, donnant parfois l’impression d’une oligarchie qui tairait son nom. La reconquête d’une légitimité représentative pourrait éventuellement passer par ce conditionnement, si tant est que le peuple français, contestataire jusqu’au bout des doigts, ne soit pas condamné à l’éternelle insatisfaction.
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